Décidément, le cinéma aura fait beaucoup de mal à notre sexualité, avec sa mise en scène parfaite et totalement irréaliste : des accessoires, des décors, de la musique, des corps parfaits, parfaitement propres, épilés, de la lingerie toujours impeccable… Et surtout cet élan des comédiens qui exactement au même moment ont envie des mêmes choses et que rien ne vient jamais déranger à ce moment-là.
C’est bien du cinéma et seulement du cinéma. Aussi fake que des photos retouchées. Pourtant c’est cette image que trop fréquemment les amoureux prennent pour référence, pour objectif, dans la croyance absolue que la sexualité doit ressembler à « ça ».
De deux choses l’une : soit effectivement le désir vient spontanément lorsque sont réunies les conditions parfaites cinématographique, ce qui suppose un long travail de mise en scène comme préalable à ce désir spontané, soit le désir vient par le moyen d’une mise en condition, d’une construction et alors il vient alors même que la réalité imparfaite diffère du cinéma.
Le désir humain est essentiellement lié à l’activité cérébrale, il se dégage de la seule réaction chimique pour exister de manière conscientisée. La sublimation de la relation amoureuse conduit au dégagement de l’instinct de reproduction pour arriver à une sexualité de communication (un moyen de prouver à l’autre qu’on l’aime).
Cependant, dans un curieux oxymore, souvent le désir est méprisé « s’il n’est pas spontané » ! La sexualité serait moins bestiale lorsqu’elle s’impose de façon involontaire (en réalité, chimiquement). Toujours cette image cinématographique. « Pas quand c’est forcé » (pour l’autre ou pour soi) est l’argument massue. Mais ce qui est forcé, justement, c’est ce qui est involontaire, déclenché par une réaction chimique liée à l’instinct de reproduction. Rien de moins romantique non ?
Ce débat est stérile, pour ne pas dire sans intérêt : ce qui importe au bout du compte, c’est la présence du désir!