Nadia El Bouga, sage-femme devenue sexologue clinicienne et d’origine marocaine, est une femme voilée, musulmane pratiquante et porte-parole féministe de la laïcité et d’une sexualité apaisée et libre.
Dans son ouvrage « La sexualité dévoilée », elle propose une relecture du coran en tenant compte du contexte historique lors de sa rédaction et en s’attachant à une traduction plus riche et plus subtile que celle imposée par un patriarcat centenaire. Quelle serait alors réellement le message du Prophète sur la sexualité ?
Car, à son avis, la condamnation pesante de tout comportement sexuel « hors des clous » ne vient pas des textes religieux mais bien de la morale misogyne d’une certaine tradition orale arabe selon laquelle le sexe et ses plaisirs serait « hchouma » (honteux). Et cette injonction est la bride qui causerait une réelle misère sexuelle dans le monde arabe.
Bien au contraire, la vision du Prophète de la sexualité en serait quelque chose de très positif : le corps serait même un moyen d’accéder au divin. En effet, accepter l’autre, c’est s’accepter soi, accepter d’être ému et accepter le risque de l’inconnu. C’est accepter d’évoluer vers une dimension « hors de soi ». C’est la « relation » sexuelle.
Véritable dynamique entre deux êtres, elle implique de recevoir ainsi que de donner à l’autre. Et en rappelant le droit du corps sur soi et le droit de l’épouse sur le corps du mari, le Coran ne fait que légitimer l’existence du désir autant chez l’homme que chez la femme. La sexualité est un lieu d’égalité entre l’homme et la femme.