Aujourd’hui, c’est le résultat qui compte, c’est du résultat qu’on veut. Est-ce pour cette raison qu’il y a actuellement un accroissement de la demande de thérapie de couple pré-mariage ? Pas romantique ? Si, au contraire ! C’est la preuve que les partenaires trouvent que leur relation est suffisamment précieuse pour justifier un tel engagement.
Une démarche similaire existe depuis longtemps, mais d’avantage axée sur la spiritualité et la morale : c’est la préparation au mariage imposée aux catholiques. Durant ce temps d’échange et de réflexion, il est demandé aux fiancés d’aborder des questions fondamentales qu’ils ne se sont peut-être pas spontanément posées ou qu’ils n’ont pas osé aborder.
J’ai moi-même parfois reçu dans ma pratique des couples dont la demande ne portait pas sur une difficulté déjà existante mais sur comment éviter et gérer les difficultés quand elles se présenteront. Cette manière d’aborder les choses en amont rappelle la vision de la médecine asiatique : elle doit servir à rester en bonne santé, soigner un malade reste l’exception. La relation amoureuse doit être entretenue afin de rester en bonne santé.
Les amoureux portent des lunettes roses qui leur permettent de ne voir que ce qui rentre dans le cadre de leur conte de fée : les hormones (endorphines, ocytocines, etc…) altèrent la lucidité, le jugement est partial. Non, il n’est pas colérique, il sait ce qu’il veut. Non, elle n’est pas désordonnée, elle est artiste ! Mais une fois l’histoire bien installée, le corps réduit drastiquement les hormones produites et la vie n’est plus teintée de rose, elle reprend ses vraies couleurs. Et le partenaire est vu avec son vrai visage.
Cette disparition du fantasme idéalisé au profit d’un individu bien réel, ce deuil de l’âme sœur qui laisse place à une personne qui a son individualité peut être cause d’une certaine déception, voire frustration. Pourtant, c’est le préalable à une belle histoire réelle au lieu d’un simple rêve. Alors, il peut être bon de décider de faire une thérapie pré-mariage. Se parler, se dire les choses, exprimer ses ressentis, ses questionnements devant un tiers neutre qui est le garant d’une bienveillance réciproque peut procurer la sécurité nécessaire pour aller au fond des choses. Lors de ces séances de couple à mon cabinet, je conseille et j’observe, bien sûr, mais je propose aussi des exercices et je donne des outils afin que les couples puissent continuer à mettre en place un fonctionnement harmonieux et efficace.
Il y a aussi des modifications profondes qui surviennent durant l’existence (PACS, naissance, déménagement à l’étranger). Connaître son partenaire depuis des années ne dispense pas de se rapprocher de lui à cette occasion pour appréhender sa manière de réagir et, avec lui, négocier le virage.
Pour presque tout, il y a une éducation : éducation scolaire, religieuse, sociale, politique, sexuelle. Au nom de quoi la relation de couple devrait-elle ne pas en faire l’objet ? On prépare en amont à tout, à travailler, à soigner, à s’embellir et quelque chose d’aussi important dans la vie que l’amour, on laisserait les gens tous seuls, sans aucune aide ni aucune explication ? Non, cela n’est pas sérieux. Découvrir les différents moyens d’exprimer ses émotions, de les gérer, de s’aimer, d’aimer l’autre, de communiquer, de lâcher-prise, tout cela est indispensable. On constate d’ailleurs que, les premiers, les pays anglo-saxons connaissent depuis un moment un accroissement très important de ce type de consultation.
Aujourd’hui, cette attitude tend à s’étendre, ce qui est une excellente chose. En effet, dans un monde où l’on peut prétendre à vivre jusqu’à 90 ans, il est temps de comprendre que la construction durable s’entreprend dès les fondations !