On parle beaucoup aujourd’hui de l’addiction sexuelle. Cela dit, c’est une pathologie reconnue depuis très longtemps mais concernant uniquement … les femmes ! « Fureur utérine » ou « hystérie », la médecine proposait notamment des traitements à base de séances de vibromassage. De nos jours, la science considère que l’addiction sexuelle est aussi bien une pathologie masculine que féminine. Elle se distingue de l’hypersexualité en ce sens que l’hypersexualité est uniquement une activité sexuelle importante entraînant aucune conséquence néfaste sur le reste de la vie de la personne.
En revanche, l’addiction sexuelle, elle, est comme toute addiction une perte de contrôle, une habitude envahissante et douloureuse, dévalorisante et pénible. La sexualité n’est plus source de satisfaction mais de souffrance, pour soi et pour l’entourage. Exactement comme une drogue. Ce comportement peut être une réponse à des troubles de l’humeur mais, trop peu d’études ayant été réalisées sur ce sujet, il n’a finalement pas fait son entrée comme une pathologie dans le référencement de 2013 du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM–5), référence de la psychiatrie américaine. D’ailleurs, le mécanisme physiologique et pathologique de cette addiction est toujours mal identifié : dysfonctionnemnet neurobiologique ou tempérament obsessionnel compulsif, ou encore effet secondaire des amphétamines de certains médicaments, notamment ceux donnés aux Parkinsonniens ? Ou tout simplement symptôme de faiblesse psychologique ?
En 2012, le professeur Reid a, avec son équipe de l’université de Californie, publié une étude sur 152 personnes, dont seulement 8 femmes, essentiellement hétérosexuelles et d’une moyenne d’âge de 41 ans. Seuls la moitié d’entre eux ne souffraient qu’occasionnellement de l’addiction sexuelle mais chez plus des trois-quarts (84%), cette addiction s’était manifestée avant 25 ans. Et pour plus de la moitié d’entre eux, une des conséquences était la souffrance infligée au partenaire et l’impossibilité d’entretenir des relations sexuelles équilibrées.
L’addiction sexuelle n’est pas un sujet pouvant prêter à sourire : souffrance, compulsion, « prison ». En revanche, l’hypersexualité, elle, n’est pas une addiction. Source de plaisir, elle n’est pas à craindre. Peut-être même à cultiver…